Lors d'une attaque au sol en groupe, il est important d'être bien coordonné si l'on veut réduire les risques, principalement de collision ou de passage dans le souffle des bombes d'un ailier, mais aussi d'intervention de la chasse adverse, de pertes dûes à la DCA, etc. La coordination permet en outre de limiter au maximum les échanges radio, puisque chacun sait ce qu'il a à faire, libérant ainsi de la place pour une autre formation au contact avec l'ennemi par exemple.
C'est bien sûr au leader de choisir sa méthode d'attaque, mais il est bon de connaître à l'avance certains principes... Cela évite au leader de répéter éternellement les mêmes conseils. Il existe basiquement deux types d'attaque. Quand on veut raser une zone, en y passant le temps mais en détruisant un maximum de cibles, on va faire une attaque de zone. Si par contre on désire faire une seule passe d'attaque, pour quelque raison que ce soit (par exemple parce qu'on attaque des chars et qu'on n'a qu'une bombe, mais aussi parce qu'on a des bandits sur zone et qu'on veut extraire rapidement), on va faire une passe rapide, éventuellement débutée à haute altitude pour avoir plus de vitesse.
La plupart du temps, les cibles au sol que l'on attaque sont regroupées par convois, ou positions immobiles. Elles sont en tout cas concentrées dans un espace assez restreint, et deux appareils qui font une passe d'attaque en même temps risquent de finir en chaleur et lumière. C'est pourquoi l'attaque au sol en groupe demande un minimum de coordination et d'utilisation de la radio.
Souvent, le leader repère rapidement une direction d'attaque priviligiée (Nord - Sud, par exemple), suivant divers critères : configuration du relief, position du soleil, etc. Il la donne à ses équipiers, en précisant si les deux sens d'attaque sont autorisés ou non : cela dépend de la situation, de l'urgence, de la visibilité, du nombre d'appareils sur zone,...
Si le leader impose un cap d'attaque (c'est à dire qu'on ne peut attaquer que dans un sens), par exemple cap Nord, les avions suivent une trajectoire bien déterminée, en hippodrome. On se place dans l'axe d'attaque. Si on s'aperçoit qu'on est totalement hors du cap demandé, par exemple à plus de 45° d'écart, on avorte la passe et on se réinsère dans le circuit, en l'annonçant bien sûr. On se dirige alors vers les cibles, qu'on doit avoir déjà repéré. On annonce qu'on est en passe à une dizaine de secondes du tir : "Hellcat, en passe".
Il est alors inutile (mais pas gênant) d'indiquer le cap de la passe, puisqu'il est imposé par le leader. A partir de ce moment, on est prioritaire sur tout avion commençant une passe de tir. Une fois la passe de tir accomplie, on annonce le résultat (cible détruite ou passe ratée) pour le suivant, et après une petite extension on dégage du côté imposé par le leader (droite ou gauche). Cette direction est, bien sûr, valable pour tout le monde. On accomplit un long virage à 180° pour se mettre au cap opposé au cap de la passe, on redépasse les cibles et une fois à bonne distance, on refait un virage à 180°, toujours dans le même sens, pour se réaligner. On recommence ainsi jusqu'à nouvel ordre du leader.
Si le leader donne juste un axe d'attaque (Nord - Sud par ex.), la possibilité que deux avions se croisent en cap opposé existe : l'un peut venir du Nord, l'autre du Sud. C'est pourquoi il devient essentiel, en annonçant la passe, d'annoncer le cap de la passe, pour être repéré par les autres. Les trajectoires sont alors plus libres, on peut attaquer toujours du même côté, ou faire des aller et retours sur les cibles. Quand quelqu'un annonce qu'il est en passe, il est prioritaire et il ne faut en aucun cas le gêner. Il arrive aussi que le leader ne donne aucun axe d'attaque ; dans ce cas il est réellement vital d'informer correctement les autres de ce que l'on fait : annonce de mise en passe, et annonce du résultat de la passe (la seconde annonce est seulement pratique pour les autres, pas essentielle).
Il est aussi possible, pour des raisons de temps essentiellement, que le leader ne donne pas d'axe d'attaque, et demande juste d'engager des cibles au sol. Dans ce cas, il est encore plus important d'annoncer son cap d'attaque quand on se met en passe. Il n'y a plus d'hippodrome défini, chacun se replace à son rythme et fait sa passe quand il y a de la place.
Il arrive qu'il soit préférable de ne pas s'attarder sur zone, pour diverses raisons (chasse adverse menaçante, timing serré, etc). Dans ce cas, tout le monde va attaquer plus ou moins en même temps, puisqu'on est en formation jusqu'à l'arrivée sur zone. Il faut donc que les cibles soient attribuées avant l'attaque, pour éviter que deux chasseurs engagent la même cible. On parle souvent des cibles les plus lointaines / les plus proches / les plus à droite / les plus à gauche / centrales, parce qu'on est la plupart du temps en formation, et que tout le monde voit les cibles depuis le même endroit. Ceci est particulièrement important lors des passes bombes, puisque dans ce cas, attaquer la même cible qu'un autre est non seulement du gâchis de munitions, mais c'est surtout dangereux (souffle de la bombe). Pour sécuriser un peu plus les passes, il faut d'ailleurs régler son retard bombe à une seconde.
La passe débute à plus de 3000 m en général, en piqué ou en semi-piqué. Le but est d'avoir un avion assez rapide pour que la bombe aille quasiment tout droit vers sa cible, avec une courbe très plate, histoire de faciliter la visée. Il faut alors faire attention à sa vitesse, qui peu facilement dépasser la vitesse limite structurelle de l'avion. Si on s'en approche trop, on peut faire un petit palier, et faire des S pour casser l'énergie. Une fois la bombe larguée, on l'annonce ainsi que le résultat de la passe.
Dans le cas d'une attaque rapide, la frappe au sol est quasiment toujours suivie d'une extraction. Celle-ci se fera à un cap précisé auparavant par le leader, pleins gaz, et le plus bas possible par rapport au sol. Tous ces éléments sont importants : un seul chasseur à plus de 200 m du sol (100 m, c'est déjà haut) peut faire repérer, et éventuellement faire tuer, toute une formation. Dès qu'on est en extraction (c'est à dire au bon cap, à la bonne altitude, et après avoir annoncé la frappe et le passage en extraction), la priorité est de scanner le ciel pour repérer d'éventuels bandits, mais surtout vos ailiers qui devraient être près de vous. Très rapidement, vous devez les retrouver, leur annoncer votre position par rapport à eux, et vous remettre au moins par paires, en line abreast. Le tout doit se faire le plus rapidement possible, pour limiter les risques d'avoir un bandit non repéré à la traîne de la formation, et pouvoir passer à une autre mission rapidement.