Nous allons ici évoquer quelques grands principes de l'attaque au sol avec les armes de bord, plus communément appelé straffing. En général, une attaque de zone implique plusieurs appareils, qui doivent se coordonner pour traiter la zone rapidement, en restant discrets, en limitant les risques de perdre des avions. Le profil d'attaque dépend de ce que l'on privilégie. Par exemple, une DCA peut être ou non détruite, suivant le temps que l'on prévoit de passer sur la zone, la dangerosité du canon antiaérien présent, le risque de se faire repérer par ses tirs. Si on prévoit de faire un seul passage sur zone, il peut être superflu d'éliminer la DCA, avec tous les risques que cela représente.
La plupart du temps, on se limite à attaquer ce que l'on appelle du "mou", c'est à dire des objectifs facilement straffables. Dans le mou, on trouve aussi bien les évidents camions et véhicules légers de tous genres, que l'artillerie, la DCA, les half-tracks (qui constituent en général les DCA des convois).
Cela demande, encore et toujours, de l'entraînement. Il faut tout d'abord choisir un armement adéquat. Contre des cibles "molles", c'est à dire des camions, canons, half-tracks, voitures, etc... même les plus petits calibres peuvent être efficaces. Les canons de calibre supérieur ou égal à 30 mm sont moins efficaces sur ce genre de cibles, parcequ'ils sont en général peu dotés en munitions, font vibrer l'avion exagérément, sont peu précis, et soulèvent d'importants nuages de poussière, peu propices à l'attaque au sol. De plus, ils sont assez faiblement dotés en munitions, ce qui est clairement un handicap pour l'attaque au sol. On préfèrera donc attaquer à la mitrailleuse ou au canon "léger", de 20 ou 23 mm. L'emploi de canons de gros calibre spécifiquement conçus pour des attaques de chars sera vu dans la partie sur les armes spéciales.
Une bonne utilisation du trim est essentielle. Dans Il-2, la quasi-totalité des avions dispose au moins d'un trim de profondeur, les exceptions principales étant les I-16 et I-153 soviétiques. Le trim de profondeur doit être réglé pour la vitesse que vous aurez au début de votre passe de tir, donc il devra être réglé légèrement à piquer puisque votre vitesse va augmenter durant votre piqué. Le trim doit vous permettre de n'utiliser votre profondeur que pour de petites corrections. Le trim de direction est moins important pour le straffing, il est toujours assez facile de compenser le couple de l'avion pendant une passe de tir : réglez-le tout de même grossièrement avant le piqué, si vous avez oublié de le faire avant (c'est mal).
Il est important d'avoir une altitude et une vitesse suffisantes au début de la passe de tir, pour ne pas risquer de s'écraser au sol. Une attaque trop à plat ne permettra pas de redresser facilement, et on risque d'emplafonner le véhicule qu'on a déjà détruit, ce qui n'est pas optimal. Si vous sentez que vous êtes trop à plat au moment de tirer, redressez et avortez la passe de tir. Il est inutile de tirer de trop loin, vous ne feriez que gâcher des munitions. Dans le cas contraire, commencez à placer votre viseur légèrement en avant de la cible si elle avance, sur elle sinon, dans tous les cas en visant le toit plutôt que les roues, car vos projectiles vont avoir tendance à tomber légèrement. Une fois arrivé à environ 300 à 400 m de la cible, déclenchez vos armes et laissez les tirer pendant une à deux secondes : il est alors temps de redresser et de se replacer pour la passe de tir suivante.
Suivant les avions, il est en général possible de ne tirer qu'avec une partie de vos armes (canons ou mitrailleuses). Cela permet d'économiser les munitions ; de toute manière, les deux types d'armes ont en général des ballistiques trop différentes pour que vous puissiez toucher la cible avec les deux en même temps, en tout cas à bonne distance. Par exemple, en Bf-109G2 ou en Spitfire MkV, les mitrailleuses sont à peu près inefficaces contre les avions, donc on peut les utiliser en air-sol et garder les canons pour le air-air. Cependant, la décision dépend de la situation : dans le même exemple, les Bf-109G2 utiliseront peut-être leur canon MG-151/20 en air-sol pour des raisons de discrétion (leurs traçantes bleues sont bien moins voyantes que les rouges des MG-17).
Au sujet de la ressource, un point important, surtout pour les avions un peu lourds : quand vous tirez sur le manche, l'avion ne pivote pas autour d'un axe passant par les gouvernes de profondeur, mais un peu plus en avant, vers le centre de gravité. En pratique, ça veut dire que si votre avion est à une altitude donnée, quand vous allez tirer sur votre manche, l'avant de l'avion va bien monter, mais l'arrière va s'enfoncer. Il faut ensuite un court laps de temps à l'avion pour remonter, ce qui fait que si vous n'avez pas pris assez de marge avant de redresser, au moment de passer le véhicule-cible vous allez bien avoir une inclinaison de montée, mais votre empennage sera encore en train de ratisser la pelouse. Vous pouvez alors dire adieu à la soirée prévue au bar de la base...
Voici une courte liste, bien sûr non exhaustive, de ce qu'il ne faut pas faire quand on est en passe de straffing :
L'attaque de convois n'est pas foncièrement différente de ce que nous avons décrit au paragraphe précédent, et il est possible d'agir de la même façon. Mais il est possible, en changeant certains paramètres, d'être beaucoup plus efficace car on attaque des cibles alignées, ce qui permet d'en détruire une moyenne de trois ou quatre par passe (avec un bon armement, bien sûr).
Le premier paramètre à ajuster est l'angle de la passe. Idéalement, on attaque par les trois quart avant (ou arrière) du convoi, voire un peu plus dans l'axe encore. Cela permet de grouper les camions dans le viseur, et de pouvoir arroser tout le convoi en une seule passe, sans prendre de risque. L'angle de piqué, lui, reste aux alentours de 30°. Comme on est un peu plus gourmands qu'avant, il va falloir commencer à tirer plus tôt, presque à limite de portée des armes. Il est alors nécessaire de compenser largement la tendance des projectiles à tomber. On commence toujours à tirer sur la partie du convoi la plus proche, et on fait lentement passer le viseur sur chacun des camions, de manière régulière. Il faut alors utiliser toutes les armes disponibles, pour maximiser la quantité de plomb envoyée.
On déplace le viseur le long du convoi de manière plus ou moins rapide, suivant le type d'armement dont on dispose. Les chasseurs américains dotés de six ou huit mitrailleuses peuvent se permettre de passer rapidement sur chaque camion, mais un Bf-109F ou un Spitfire (encore eux) devra y passer plus de temps, même si cela l'empêche de "traiter" tout le convoi.
Dans ce cas, il peut se révéler nécessaire de détruire la DCA. C'est au leader de décider cela, en général trois raisons conduisent à détruire une DCA :
Une fois la décision prise, il reste encore à l'accomplir. On suppose que l'attaque se fait au canon (l'attaque à la roquette ou à la bombe est possible, mais ne sera pas abordée ici). Dans la plupart des cas, on va utiliser un lapin, c'est à dire un chasseur qui va attirer le feu de la DCA sur lui, pendant qu'un autre va détruire le canon. Idéalement, les deux chasseurs se rassemblent en dehors du champ d'action de la DCA, le lapin prend la tête, et le suivant garde une séparation importante, supérieure à 500 m. Les deux simulent une attaque en colonne sur la DCA, et dès que celle-ci commence à tirer, celui qui est pris pour cible (ce sera, la plupart du temps, le premier) effectue immédiatement une évasive.
Pour réduire les risques d'être touché, le lapin place la DCA dans ses 3 ou 9 heures, ce qui maximise sa vitesse de déplacement latérale par rapport à la DCA (cette vitesse serait nulle si il gardait un cap vers elle). Dans le même temps, le lapin joue sur son axe de tangage pour monter et descendre irrégulièrement, et rendre plus difficile le boulot des servants. Ensuite, dès que l'autre a terminé sa passe, les deux se remettent en formation, de préférence du line abreast pour checker le ciel : faire tirer une DCA est le meilleur moyen de faire descendre de leurs 7000m les 4 charognards qui protègent leurs cibles.
Pendant ce temps, le second peut librement straffer la DCA. Attention, il arrive que les DCA, comme d'autres objectifs, soient camouflées derrière des sacs de sable en forme de U. Il est alors préférable d'attaquer par le haut du U, pour que les obus explosent sur le canon plutôt que sur le sac de sable (ce qui est assez peu efficace).
Si il y a plusieurs DCA sur zone, il peut être envisageable d'utiliser plusieurs lapins, mais ces solutions sont un peu lourdes à mettre en place, et en général on se débrouille comme on peut. Dans tous les cas, il est très dangereux d'attaquer tout type de DCA alors qu'elle vous engage : vous constituez une cible presque immobile par rapport à elle, et vous êtes très vulnérable, surtout dans un avion à moteur en ligne refroidi par liquide (Spitfire, Bf-109).
Une fois la DCA détruite, on peut passer à l'"exploitation" de la zone, et à du straffing plus classique.