War Reports : Autres batailles, autres expériences


Autres batailles, autres expériences

Il-2 ne s'arrête pas au front russe (malheureusement, diront certains qui auraient préféré que le jeu se limite à un front Est plus exhaustif), et bien d'autres guerres sont couvertes par le jeu. Voici deux War-report qui montreront la diversité du jeu...

Finlande et Bf-109G-10

Ce War-Report est tiré d'une mission jouée sur un serveur de "dogfight", de combat aérien donc. Le principe est relativement simple : une carte, deux camps, des objectifs à accomplir pour chaque camp. Tout joueur tué revole immédiatement s'il le veut, en choisissant une base, et un avion. Certains serveurs limitent le nombre de mort par joueur (le joueur est éjecté une fois ce nombre de vies dépassé), le nombre d'avions disponibles, les armements que l'on peut prendre, etc. Quelques-une se limitent à des missions historiques, règlementant strictement les parties pour éviter le délire total (qui peut être aussi amusant parfois).

Finlande 1944; 8h30 du matin. Aujourd'hui, une mission de routine m'attend : reconnaissance armée au-dessus du détroit. Je me dirige vers ma nouvelle bête, un Bf-109G-14 flambant neuf. Machinalement, je démarre le moteur, vérifie tous les instruments. Un dernier coup d'oeil pour vérifier qu'aucun avion n'est dans le circuit, et je lance les 2000 ch de mon moteur Daimler-Benz sur la piste en béton de la base. L'avion dévore la piste, je suis presque debout sur le palonnier droit pour le maintenir dans l'axe de la piste. Je prends un cap 270 et continue à monter, après avoir rentré trains et volets. Il fait beau, et la visibilité est excellente : il faudra faire attention aux attaques par au-dessus. Je reste au-dessous des nuages pour y parer. Ce matin, le ciel est vide, et j'arrive à moins de 50 km de la côte ennemie sans rencontrer âme qui vive.

Soudain, je le vois : un point noir, se détachant sur les nuages, en cap opposé, dans mes 2 heures. Sûrement un américain parti pour harceler nos positions... J'enclenche le MW-50 après avoir réduit mes gaz (l'enclencher à plein régime détruit irrémédiablement le moteur), puis pousse mon moteur à fond, et prends un cap plein nord pour interception, tout en plongeant légèrement vers la mer, dans le but d'arriver en dessous et ainsi d'être détecté le plus tard possible. Je me rapproche rapidement, et peux enfin identifier le contact : un P-38 Lightning, probablement chargé de bombes et de roquettes. Je scanne une dernière fois le ciel au-dessus de lui, machinalement : rien. Je suis maintenant dans ses 4 heures basses, et presque sur le même cap de lui, à moins de 500 m. Je me rapproche, je ne suis plus qu'à 400m. Encore un peu... un peu... Je commence à placer mon viseur Revi sur son moteur droit... Je suis à moins de 300 m maintenant. Je remonte un peu le viseur, et lâche une longue rafale de mon canon de 30 mm MK-108. Tout se passe très vite, j'aperçois une explosion sur son moteur : ma rafale a fait mouche... Puis immédiatement, il explose. Je passe, moteur rugissant, dans les débris, puis commence à explorer frénétiquement le ciel au-dessus de moi... Rien. Tout ceci m'a éloigné de la côte, je me replace un peu au sud-ouest de ma position et commence à prendre de l'altitude : je ne suis qu'à 1000 m d'altitude. Je continue à jeter de fréquents regards vers la base ennemie, attendant peut-être une autre cible. Une cascade de bruits secs sur la tôle de mon avion, une pluie de traçantes rouges et le bruit caratéristique d'un moteur Merlin poussé à pleine puissance me font sursauter. Je braque mon palonnier à gauche et pousse à fond le manche, mettant mon avion dans un brutal dérapage. L'orage passe, et mon agresseur remonte comme une balle; je vérifie la maniabilité de mon avion : elle est quasiment intacte, comme mes deux ailes, inspectées d'un coup d'oeil.

Je garde l'oeil fixé sur mon adversaire, qui se prépare déjà à replonger, un peu rapidement peut-être. Il bascule sur l'aile, et retombe sur moi. Je monte un peu pour perdre de la vitesse, et quand il passe à distance de tir, engage un virage soutenu vers la gauche, volets sortis, en spirale descendante, et je regarde sa réaction, attendant qu'il remonte. Contre tout attente, il me suit ! Je continue donc ma spirale, accentuant mon taux de descente. Je réduis mon moteur, ne gardant qu'un filet de gaz. Nous sommes dans le même virage, mais il descend plus vite que moi : il va se retrouver dans mon viseur... Il a fait une erreur fatale. La mer approche de plus en plus vite, il est maintenant 50m plus bas que moi. Nous sommes à 200m de la surface de l'eau quand il rompt son virage et tente de me distancer en étendant, mais ayant plus d'altitude je sors avec plus d'énergie et suis en mesure de le rattraper. Je lâche une brève rafale de toutes mes armes : raté ! Il engage un virage ascendant à gauche, je me prépare à suivre, mais son aile gauche décroche et il tombe en vrille. A cette altitude, il est condamné... Son avion percute l'eau avec une violence effroyable, soulevant une monstrueuse gerbe d'eau.

Je regagne un peu de vitesse, et commence une rude montée : je veux atteindre les 5000m. J'éteins cependant mon MW-50 qui ne sert plus à rien, et engage une spirale ascendante gauche. Mon brave Bf-109 monte rapidement, fidèle à sa réputation. Arrivé vers 2500 m, je repère un contact, très haut, qui paraît escorté. Il est bien au sud de la base ennemie pour un américain ?! Le temps de monter à 5000 m et je suis presque sur lui, dans ses dix heures basses. Je cale mon viseur sur lui, c'est un bombardier bimoteur... accompagné par un petit point, environ 500 m au dessus de lui. Il se rapproche, il est à moins d'un kilomètre maintenant. Je veux tirer à bout portant, à cause de la dispertion des obus de mon énorme canon. Je n'aurais droit qu'à une passe, l'escorte au dessus veille... Au moment de tirer, je l'identifie : un He-111 ! Je passe en dessous de lui, mais le 109 d'escorte me plonge dessus, sans tirer. J'esquive la passe, il reconnaît mon avion et remonte à son poste.

Je reste tout de même dans la zone, scrutant les abords de la base adverse, à la recherche d'un avion se détachant sur les nuages, ou d'un scintillement de cockpit : rien. Un regard à ma jauge : il ne me reste que 60 L de carburant ! Je prends un cap retour base, baisse au minimum mon régime de gaz, et je surveille attentivement le ciel : je suis à l'altitude préférée des P-51... Le retour se passe sans histoires, je garde un oeil sur mon fuel qui diminue lentement mais sûrement. la base est bientôt en vue, je commence ma descente, réduisant encore les gaz. Il me reste au plus 10 L de fuel. Soudain la DCA de la base s'active, visant un point au dessus de moi, dans mes deux heures : un A-20 !
Le temps de remettre mon moteur à son régime maximal, j'ai mis l'avion sur une trajectoire d'interception. Ce sera dur, car j'ai peu de vitesse, et l'autre commence à piquer pour en gagner... Son mitrailleur va pouvoir me tirer en toute tranquilité. J'arrive tout de même à me rapprocher à distance de tir, je lâche une longue rafale en limite de portée : elle fait mouche ! Son moteur gauche se met à émettre une épaisse fumée... Je remets une couche, mais suis touché durement par le mitrailleur arrière. Mon moteur est presque à bout, il a encaissé une bonne rafale de calibre .50. Mais l'autre est en train de brûler, il ne s'en sortira pas !

Le niveau d'essence est plus bas que je ne l'ai jamais vu, mais je suis maintenant largement en mesure d'effectuer un atterrissage sans moteur : la piste est presque sous mes ailes. Je réduis ma vitesse, sors mes volets, puis mon train quand ma vitesse est passée sous les 250 km/h. La piste s'approche, je commence à préparer un arrondi, quand mon moteur ratatouille une dernière fois pour s'arrêter définitivement... Je touche la piste un peu plus rugueusement que prévu, et la quitte sur mon erre de façon à la garder libre.

Opération Forager

Ces rapports relatent une mission de la Campagne Forager, campagne dans laquelle l'escadron C6 est du côté Américain dans le Pacifique, et affronte les zéros pilotés par les PBO/KGM. Cette campagne se joue en missions coopératives, c'est à dire que tout le monde démarre en même temps au début de la mission, et que les morts ne peuvent redécoller (ils peuvent quand même quitter la partie). Les deux camps peaufinent donc leur tactique avant le vol, préparant les caps, les missions, prévoyant des groupes d'attaque, de soutien, de couverture aérienne, etc. En règle générale ces missions permettent une plus grande rigueur et en même temps une originalité accrue, et sont parfois de véritables oeuvres d'art. Les missions de cette campagne, cependant, sont générées automatiquement par un programme, DCG, qui tient compte des résultats de la mission précédente pour générer la suivante, et non construites à la main (à part la "base" des placements des unités, dont l'élaboration est longue). Le premier rapport est celui de C6_Flav, membre du "staff" C6, et est suivi par le mien (honneur aux vivants...).

5 heures du mat',les étoiles brillent encore fort dans le ciel, l'ambiance est tendue au mess, aujourd'hui c'est le débarquement de nos troupes...
un petit déj' sur le pouce, personne n'a vraiment d'appétit, seuls certains arrivent à engloutir les saucisses que pourtant notre cuistot nous a préparé avec amour...
tout le monde se retrouve en salle de brief, quelques retardataires se font enguirlander par le commandant...
...diapo...objectif bleu pour le groupe Alpha....
...diapo... celui-ci est pour le groupe Bravo...
...diapo...Charlie devra impérativement passer par ces waypoints...
Les copains tentent de détendre discrètement l'atmosphère en se faisant passer de petit mots...de petits dessins explicites...
Très vite la concentration reprend le dessus. Il ya tellement d'enjeux pour ces prochaines heures.

Shlack!!Shlack!!, les mécanos viennent de boucler mes harnais. Nos hellcats sont flambants neufs!! Ils viennent de sortir des usines Grumman. J'ai appris que le pilote qui a testé mon zing est en fait une pilote. J'ai peur!! les deux magnétos sur on, je pompe trois fois sur le "push" pour ammorcer la pompe carburant....contact!
Démarrage.......
Radiateur : ok
Les volets : ok
La crosse : ok
Les mécanos finissent le check sur les gouvernes en me faisant des signes.
L'avion est prêt, le pilote aussi.
Quelques regards se croisent entre les pilotes qui sont sur le pont...des regards chargés d'émotions...la radio est plus que calme.

Déjà les premiers avions des groupes alpha et charlie nous survolent pour se mettre en formation.
A nous!!
100% sur les freins...3, 2, 1, top!!
L'avion est lourd et a du mal à se lancer...déjà la fin du pont!!! L'avion s'enfonce!!! Allez, vole pépère, vole!!!........... ouf...c'est bon...
"Bravo 2 au leader....airborn"

10 minutes plus tard nous sommes déjà sur la côte, en formation. "Bravo , préparez-vous pour l'attaque."
ok, check prépasse : pas d'hélice : plein petit... surpresseur sur le premier ét.."CONTACT!!! ....traffic même alti, 11 heures en raprochement rapide...6 points!"
"VISUEL, plus 4 contacts 9h, ils viennent de nous passer dessous!!"
"Bravo, on plonge, on attaque nos cibles!"
en piqué, je check un coup a gauche , un coup à droite pour repérer les copains...rien, personne...on y va en aveugle!

550km/h, la terre se rapproche vite!!
675Km/h 3000m, j'arriverai jamais à pied sol sans faire un palier!! Barrique à droite dans la descente pour casser mon énergie...
740km/h 200m, les cibles...les cibles, je vois rien....BOUM!! une explosion, ok les cibles sont là... je pointe, un coup de palo pour aligner, le doigt sur poussoir bombe.... clickict, clickict... les bombes se détachent de leur griffe emport.
A cette vitesse je n'aurai pas le temps de voir le résultat....

Je vois déja notre prochaine cible dans l'enfilade , au 220°...c'est l'anarchie la bas...de la DCA dans tous les azimuts, des copains en flammes, la radio est surchargée, des cris abominables, des coups au but annoncés, des Zéros repérés...
il me reste 3 paires de rockets et des casiers plein.
La nouvelle cible se profile sous mon capot...j'écrase la détente et lâche mes trois paires de rockets dans le "tas" je n'y vois plus rien, tire sur le manche, passe dans la fumée qui s'élève sur un rayon de 500m jusqu'à 200m de hauteur
...sssshhhhhhhiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuf....traçantes....

topock topock topock, mon coeur bat à tout rompre, j'ai cette désagréable sensation de vide dans mon esprit, cette impression malsaine que le temps est arrêté pour moi....je prends un obus de 88 non loin de moi, l'avion sursaute...pas moi, je suis amorphe, les yeux dans le vide.
Je sors enfin de cette épaisse fumée noire....Je reviens enfin à mon esprit, le soleil rasant m'éblouit, me réchauffe...me redonne goût à la vie!!
....ssssshhhhhiiiiiiuf....tracantes

La suite de la mission ne sera que nav et protection des copains... pas d'engagement réellement franc...
La radio descendra progressivement en intensité...jusqu'a ce calme pesant de retour de mission...toutes les images remontent déja. Entre les copain perdus, et ces images d'explosion traumatisantes, la prochaine nuit va être difficile....

Les PA, enfin!!! Posé, pas cassé!
sortez moi de là bordel, sortez moi de là!!

Une des caractéristiques des missions de ce genre ressort clairement : leur but n'est pas le combat aérien. Le but est de détruire les cibles au sol, et d'éviter, si possible, de rencontrer l'autre autrement que placé 2000 mètres au dessus. Comme tout le monde monte le plus haut possible (les engagements à 7000 m du sol ne sont pas exceptionnels), il vaut donc mieux ne pas rencontrer l'ennemi; ce qui est bien évidemment impossible puisque cette campagne se déroule sur l'île de Saipan, principalement, et que les deux camps tentent de soutenir leurs troupes qui sont agglomérées sur une zone de quelques dizaines de kilomètres carrés... On fait donc des passes rapides, suivies de fuites non moins rapides, de retours en force, le tout agrémenté de quelques engagements toujours limités au maximum.

Opération Forager, 1944
Notre porte-avion navigue depuis maintenant une semaine au large des îles Mariannes, et plus particulièrement de Saipan et Tinian, que l'Etat-Major veut occuper. Aujourd'hui est un grand jour : je vais enfin pouvoir voler, et le débarquement est en cours. Il est 4h du matin. La mer est calme, le temps doux. Les 12 Hellcat du groupe de chasse déplient paresseusement leurs ailes. Les moteurs reviennent à la vie les uns après les autres, les volets de radiateur s'ouvrent. Tout le monde est fin prêt. Le leader, PetiO, met les gazs, et peu à peu le pont se vide. "Krasno, roulage". Un temps : "Airborne". Dans la précipitation du départ j'ai oublié le cap vers les cibles... Je prends un long virage gauche vers des contacts au loin. Par aquis de conscience : "PetiO, cap de sortie ?" "90". Je suis au 270. Et merde ! Je renverse rapidement mon virage, et me mets au 90. Je vois deux points noirs, très loin : le reste de mon groupe. "Paramètres moteur ?" "gazs 80, pas 100, mélange 100." "Reçu". Je mets les gaz à 95% pour rattraper, ferme à moitié mon radiateur et trimme mon avion le mieux possible. Je mets quand même trop de temps à rattraper; et demande une baïonette. Conscient de faire perdre un temps précieux à mon groupe je pousse les gaz, et me place derrière Durandal, numéro 2. Nous passons 2000m. "Surpresseur 2". PetiO nous rappelle les modalités de l'attaque, nous assigne les cibles repérées la veille. "Pensez à remettre votre surpresseur sur 1". Merci chef !!

J'ai à ma charge un bouquet de palmiers à l'ouest d'un groupe de trois. Comme nous attaquerons du nord vers le sud, il sera à droite. Nous pourrons ensuite nous délester de nos roquettes sur des objectifs d'opportunité, puis nous devrons nous extraire au-dessus de la mer, cap 270. La DCA se fait de plus en plus insistante au fur et à mesure que nous approchons de l'île. Nous sommes les premiers sur zone, les autres attaqueront à une ou deux minutes d'intervalle. Une fois à la verticale du nord de Saipan, nous amorçons nottre attaque. Je suis consciencieusement Durandal dans son long virage droit, puis son piqué, ne connaissant pas l'emplacement des cibles. Là, une heure en bas, trois bouquets de palmiers se détachent du sol de l'île : ce sont nos cibles ! Elles sont bien plus proches que ce à quoi je m'attendais. Je repère la mienne et me concentre. Un coup d'oeil à la bille, convenablement centrée. Deux postes de DCA s'allument à l'ouest de mon bouquet de palmiers. Je corrige ma trajectoire, appuie frénétiquement sur le bouton de largage des bombes, et redresse. J'oublie totalement la suite de ma mission et extrais sur nos bateaux sans larguer mes roquettes. "Krasno, extraction, 2, 7, 0, pieds dans l'eau, sur nos bateaux au nord".

Nous nous regroupons. "PetiO full roquettes". "Krasno full roquettes". Durandal rejoint PetiO, je les vois loin dans mes 10 heures. Je me dirige vers eux en me signalant. Il manque Xanax, troisième du groupe. Il est resté au niveau des bateaux et prend un 270 pour nous rejoindre. Nous prenons de l'altitude, petit à petit. Le leader prend des nouvelles des deux autres groupes de quatre. La situation s'emmêle, certains extraient engagés, d'autres sont encore sur zone. Un moment de flou pendant 5 minutes, nous revenons vers l'île pour récupérer Xanax et nous rapprocher des autres, tout en montant. Durandal est envoyé en bas en éclaireur, pour rien : il nous rejoint. Des chasseurs japs sont signalés entre 5 et 6000 mètres, il faudra faire gaffe ! Des tirs de Zéro sont enfin repérés, c'est Hellcat qui est engagé à basse altitude avec son groupe. Ils ont endommagé un jap, qui laisse derrière lui une grande traînée de carburant. Nous plongeons, je me prépare à faire une passe sur le marqué, mais il est déjà pris en chasse. J'avorte, me retourne, entends un cri de victoire : un coup d'oeil dans mon dos, le japonais brûle. J'ai devant moi un autre japonais au tir. Je me dirige vers lui, mais un autre Hellcat est déjà derrière lui, tirant de ses six mitrailleuses de 12,7 mm. Je me prépare à remonter pour le couvrir lorsqu'il part en vrille, brusquement. Je prends alors sa suite, appuie longuement sur la détente. Le Zéro entame un léger virage gauche, en montée. Je corrige ma visée, et suis rapidement récompensé : son aile gauche s'arrache et commence à tomber comme une feuille morte. "Splash !". Un ordre claque : "Extraction, cap 340 !" ce cap nous amène sur l'île, nous en profiterons pour vider nos roquettes sur des chars ou bunkers ennemis.

Je passe la côte sud de l'île, cherchant des cibles. Là, à dix heures, des chars ! "En passe, cap 320". Dans le feu de l'action, je largue deux salves de roquettes complètement à côté de la plaque. J'entame un long virage droite, pour retomber sur mes chars : "En passe, cap 220". Je laisse le char grossir dans mon viseur, je n'ai plus qu'une seule chance maintenant. Je cale mon viseur en plein centre du char, presse le switch de larguage de ma dernière paire de roquette. Celle-ci est mieux partie... coup au but ! Je dégage la zone dans un long virage gauche, puis une DCA me prend à partie. Je la prend à tort pour une DCA amie, et pense que je suis suivi. J'ameute tout le monde pour rien : voilà ce que c'est de ne pas connaître les positions ennemies... La situation commence à dégénérer petit à petit, il y a de plus en plus d'avions sur zone, la radio s'encombre de messages croisés. Soudain, une rafale de traçantes bleues encadre un Hellcat. Un Zéro ! Le combat démarre lentement, un second Zéro est repéré, la confusion monte, des ordres d'extraction sont donnés, certains restent dans le combat, qui monte petit à petit. Nos lourds appareils ne sont pas à leur avantage, nous n'avons plus beaucoup de vitesse et devenons de plus en plus vulnérables pour les agiles Zéros au fur et à mesure que les manoeuvres se resserrent.

Je suis à 5 km des côtes de l'île, seul. Je me retourne, pour voir quatre appareils entremêlés : tout le monde n'a pas pu se dégager. Je monte rapidement vers eux, d'autant plus rapidement que quatre contacts menaçants arrivent de l'Est, plus haut... Un nouvel ordre d'extraction est donné. Tout le monde plonge, cap 300. Un zéro passe au dessus de moi, apparemment sans me voir, j'hésite à lui lâcher une rafale, commence même à entamer un virage pour me placer derrière lui, mais me ravise : je n'ai plus beaucoup de vitesse, je suis plus bas, et j'offrirais une cible de choix à un éventuel zéro en maraude. La radio crachote : "Hellcat cap 300 altitude 100 m, tu es suivi !". Je repère un Hellcat dans mes deux heures, c'est PetiO. Il est clair. Une rafale bleue et jaune m'encadre : "Krasno engagé !!". Je breake serré à droite, commence à bouger du mieux que je peux. Un obus m'atteint à l'aile gauche, mon avion plonge brutalement. Je le ramène à grand peine en palier, mais l'autre derrière ne se lasse pas, il m'arrose copieusement de ses deux canons de 20 mm... La voix de Para atteint mes oreilles : "Krasno 90 gauche maintenant !" Je m'exécute tant bien que mal, contrôle mon virage à grands coups de palonnier. Je me rétablis enfin sur mon cap, quand un obus déstabilise une nouvelle fois mon Hellcat qui plonge dans l'eau. "Krasno out !"

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