War Reports : Quatrième CF


Quatrième CF



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Nous sommes au printemps 1942. Les Allemands ont lancé leur seconde offensive de printemps, dans le caucase, et malgré leurs pertes pendant l'hiver 1941, bousculent sérieusement les armées soviétiques... Les envahisseurs approchent de Stalingrad, ville symbolique s'il en est; ils décident donc de la conquérir. Du point de vue des flottes aériennes (celui qui nous occupe en tant que pilotes), ils ont un avantage qualitatif énorme. Leurs Bf-109G2, fleuron de la chasse allemande, n'ont en face d'eux que de vieux Yak-1 et Yak-7 qui sont moins maniables, moins rapides, qui montent moins vite et sont moins bien armés... Seul le Pe-2, bombardier bimoteur soviétique livré au compte gouttes, est à la hauteur, mais chaque vol diminue leur nombre. La seule chance du camp soviétique est d'attendre des jours meilleurs en gardant précieusement en état leurs machines fatiguées. Son seul avantage est l'attaque au sol, pour laquelle sont généreusement pourvus ses chasseurs : ils emportent 6 roquettes anti-char sous les ailes, potentiellement trois chars ennemis en moins à chaque sortie. Encore faut-il arriver jusqu'aux cibles vivant.

Le décor est planté : les bleus (allemands) devront avancer rapidement, et garder leurs avions performants en évitant les pertes, tout en empêchant les rouges de trop détruire de cibles au sol; les rouges (soviétiques) vont devoir composer, se faire petits dans le ciel tout en détruisant un maximum de troupes ennemies. Mon escadron a été enrôlé du côté rouge; devant nous, sont 4 semaines de vols en rase-mottes, d'attaques au sol, de "furtivité", d'un jeu de cache-cache coûteux en pilotes et en avions. Au vu de nos peu performants appareils, l'esprit d'équipe va être déterminant. Un avion seul n'aura jamais autant été une cible...

L'ambiance CF IV

La CFIV, c'est d'abord des missions en équipe, d'où des communications plus ou moins ordonnées suivant les cas. Au minimum, la liaison audio doit permettre de coordonner les actions, permettant aux leaders de faire passer leurs ordres. Si tout se passe bien, elle permet que chacun sache non seulement ce que fait chaque membre du groupe : qui est engagé, qui est libre, qui est menacé, qui est à court de carburant, qui s'est fait descendre, mais aussi où sont les ennemis. Dès que l'un des coéquipiers est pris en chasse, il doit en être prévenu, si possible avant d'avoir fini en son et lumière. Voici quelques minutes d'une mission de CF IV, assez représentative de ce qui se passe hors gros combats impliquant toute une formation.

alt : cf_coupe.mp3

La CF, c'est aussi des artistes, et propagandistes en tout genre... La danse a d'abord commencé avec des affiches de mobilisation, du genre "engagez-vous rengagez-vous", "on est les meilleurs", "Les Pe-2 c'est super", etc :

si seulement on en avait autant... ben voyons...

Nous avons ensuite eu un passage quelque peu mélo, assez semblables au bon vieux "entendez vous dans nos campagnes ces féroces soldats qui viennent jusque dans vos bras égorger vos fils et vos compagnes", suivi immédiatement d'un appel au drapeau (rouge évidemment) :

j'en pleurerais presque on en a de la chance !

La victoire venant, nous sommes passés au lyrique, puis à un style plus léger...

Joli matou pourquoi les devs ?

Note : les images de cette page sont à mettre au crédit, sauf exception, de CK_Rodolphe

Le début des combats

Nous eûmes d'abord droit à une semaine de tests intenses, durant l'approche initiale allemande. Nos avions étaient encore vieux et démodés, mais pas encore hors d'état de voler... Et les moustachus n'avaient pas eu le temps de mourir. Jamais le mot "insécurité" n'avait eu autant de sens. A chaque instant, loin derrière les lignes ennemies, la menace des Bf-109 allemands pouvait surgir. Comme nous restions au ras du sol pour éviter toute détection prématurée, ils avaient invariablement l'avantage d'altitude et le mieux que nous pouvions faire était de continuer à attaquer, en se défendant contre chaque attaque, inlassablement.

5 P-40 partent de november 4 et vont attaquer au sol dans le secteur sud. Je suis dans une section de 5 Yak-7b, pilotes Bret, Para, Krasno, Mano, Cata. Départ de la base d'octobre 9. Mission : reconnaissance de ma tête de pont ennemie au nord de Voizhskiy, puis des positions adverses de l'autre côté de la Volga.

Décollage à 8H30, un membre de la formation, Mano, se perd au décollage, et part seul au dessus de Stalingrad. Nous longeons notre rive de la Volga vers le nord jusqu'à la ligne 13, puis recevons un message très faible de notre camarade qui est engagé par deux Bf-109. Nous traversons la Volga pour le soutenir tout en poursuivant notre reconnaissance, mais il est abattu avant que nous puissions le rejoindre. Nous découvrons alors des cibles en Lima 13-7, que nous commençons à attaquer à la roquette, à la mitrailleuse et au canon. C'est un bataillon d'artillerie qui dispose de Marders, les nouveaux canons automoteurs allemands. Il est presque anéanti, lorsque l'un de nous remarque que nous sommes cinq appareils sur zone alors que nous ne sommes que quatre Yaks depuis la disparition de notre ailier. L'ambiance s'électrise, on découvre deux allemands dans le soleil. Les mitrailleuses commencent à cracher, la sueur à couler.
Je me retrouve quelques instants seuls, longeant une rivière. Un coup d'œil derrière moi ; un allemand me suit, il est à moins de 150 m ! Une poussée d'adrénaline, un cri à la radio, et j'enclenche un tonneau barriqué pour gagner du temps; mais la cause est presque entendue : je ne pourrais même pas m'éjecter, le comba se déroule à moins de 100 m du sol. A ma grande surprise, son avion passe en rugissant devant mon capot, en chandelle. Je lâche une rafale au jugé, mais je manque.
Pendant ce temps, Para et Cata sont morts aux commandes de leurs avions. Bret et moi prenons la décision de rentrer à la base, et nous repassons la Volga. Un retour sans histoires nous amène aux environs de notre base. Nous nous posons sans encombres, et je suis encore sur la piste lorsque des Bf-109 surgissent de nulle part et commencent à attaquer la base. J'ai à peine le temps de sauter hors de mon avion et de me plaquer au sol, que ma monture est détruite par l'action conjointe du souffle de deux SC-50 et des canons d'un Bf-109.

Nos pertes sont rudes aujourd'hui : nous ne sommes que deux à rentrer; et seul un avion est réutilisable. Les mécanos auront du boulot cette nuit...
J'ai détruit un char et trois véhicules. Nous apprendrons que les P-40 aussi ont été attaqués, et ont perdu un avion, plus un endommagé. Ils leur ont fait payer cher ces pertes, avec 3 victoires revendiquées.

Tout y est : combats meurtriers, attaques au sol quotidiennes, Bf-109 surgissant du soleil, se mêlant à nos formations, attaquant impunément nos bases... Ce début de bataille est bien loin d'être réconfortant.

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