Campagne channel : Achtung débarquement !


Achtung débarquement !

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Au départ, les rouges prennent déculottée sur déculottée, perdant leurs avions (si tant est qu'on peut appeler le Hurricane un avion) par demi-douzaines. Cependant, ils ont assez de tripes pour tenter un débarquement à Cherbourg assez rapidement, alors que toutes nos troupes ne sont pas encore en position pour tenir la côte... Nous sommes chargés d'attaquer la tête de pont pour soutenir nos troupes au sol, et surtout de défendre ces dernières contre les attaques ennemies.

Bataille d'angleterre, 15 Août 1940 : 12h00

Ce n'est plus du suicide, c'est de la bêtise. Oui, certes, ça a plus de classe, mais bon au final le résultat est assez similaire : généralement un trou dans le sol, une flamme de plus ou moins 1 m de hauteur, une grosse colonne de fumée au dessus, parfois un type qui gigote en dessous d'un pépin, et souvent un "et meeeeeeerd' je vais au tas mais vous êtes où les gars là ??", qui sera un jour avantageusement remplacé par le plus pratique et clair "[insérer ici un pseudo] out". Cela dit, c'est vrai que ces temps ci, le gros trou dans le sol est souvent remplacé par une belle gerbe d'eau. Donc, la situation : ces rigolos de rouges, qui perdent les Hurricanes comme moi mes clés de bagnole (un nouveau concept apparaît : le Hurricane jetable), se seraient mis en tête, d'après le haut commandement, d'aller titiller la bête dans son antre, et de débarquer à Cherbourg. Oui, oui, moi aussi ça me faisait rire au début, mais jaune : une chance sur deux que ça soit du vent et qu'on se retrouve à faire des ronds dans le ciel en attendant le Hurri, tandis qu'ils s'amusent à péter nos chars à l'autre bout de la carte (et en plus les chefs seraient foutus de nous coller ça sur le dos ensuite) ; et une chance sur deux de se taper toute la chasse british sur le coin de la figure. Autant dire que les trois pauvres 109 basés à Cherbourg risquent de morfler grave.

Le plan est simple : ces gros lourds de bombers partent de Pétaouchnock-sur-Oise, et ne vont jamais risquer leur peau dans un gêpier pareil. Donc faut couvrir la zone pendant un bail, avec quelques pauvres 109 pour protéger nos troupes au sol, en attendant ces messieurs les muds. C'est bien joli, mais encore une fois on n'a pas le matos ! Ben oui, comprenez, le 109E c'est un outil de précision, conçu pour une utilisation artistique, personnelle... Ca bouffe du Hurri au petit déj, mais ça a un petit estomac le 109 : au bout de deux ou trois les obus viennent à manquer, et la 7.7 c'est bon pour chasser le pigeon mais pas le rosbif volant, qui a une sale tendance à s'entourer de plaques de blindage. Donc un Hurri de temps en temps OK, mais à la douzaine ça va pas le faire. On est des artistes que diable, pas des travailleurs à la chaîne ! Alors pour venir nous demander, comme ça, sans gêne, de dégommer la tripotée habituelle de barriques de bière plus quelques suppléments (Gladiator, Blanheim, voire Mosquito), faut quand même en avoir du culot ! C'est pas parce qu'on joue à domicile que ça va changer grand chose au résultat : quand ya plus de muns, à domicile ou pas, faut passer aux godasses et on perd tout de suite en précision, en vitesse initiale et en balistique (sans compter que vu comme il caille là haut, on risquerait de revenir avec deux glaçons au bout des jambes) ; et ça c'est mauvais pour la santé, et très propice à l'utilisation forcée et prolongée du parachute. Sans compter que le moteur est pas vraiment calibré pour manger trop de 7.7, et que les gars d'en face les balancent par paquets de 12... On pourrait avoir besoin de parapluies.

Finalement, l'état-major pas foutu de prendre une décision (bah oui, on fait quoi si ils viennent pas à Cherbourg ?) tente de jouer sur tous les tableaux : et vas-y que je t'envoie des missions reco pour repérer les troupes, et que je te fais poireauter les bombers à l'abri avant de savoir si ils vont défendre la mère Patrie (même pas la nôtre en plus) ou aller porter le fer et le feu chez les sous-doués d'en face. On se retrouve donc avec 4 Bf-109 humains pour reconnaître et faire le ménage au dessus d'une éventuelle tête de pont ennemie à Cherbourg, plus deux autres à Calais pour gérer au cas où ce soit encore un coup foireux des rosbifs pour taper tranquille au sol au nord pendant qu'on fait le pied de grue au sud. En gros, le seul moyen de survivre pour les 109 sera d'aller dessiner de belles traînées de condensation à 8000 m, de faire les beaux au dessus, un peu de B&Z à la mitrailleuse pour faire peur, en n'utilisant le canon qu'à coup sûr. En espérant que les IA sauront faire un peu de ménage chez les rouges.

Décollage en quatrième vitesse de Cherbourg avec Hellcat, pas encore eu le temps de se remplir l'estomac, on va passer faire un tour au dessus de la pointe avant d'aller se caler à 6000 m. On approche de la zone, on devrait commencer à les voir s'ils sont là... Débarqueront, débarqueront pas ? "Colonne de chars, 10h !" Apparemment, ils sont attirés par le cidre (serait-ce le calva ?), parce qu'ils sont venus par paquets de 10, les bougres ! Bon, au moins ils ont oublié leur DCA chez eux, on sera tranquilles pour straffer à la fin de la mission, si on survit jusque là.

On passe rapidement à la phase de montée, en commençant des allez-retours devant la Normandie pour les intercepter. Alors qu'on arrive à l'extrémité Ouest de notre ronde, aux alentours de 6000 m, les deux autres 109 se font engager par un ou deux rouges pommés, à 40 km à l'Est de notre position et moins de 200 m d'altitude. Pire, ya pas. Bon, laissons de côté la poisse qui exige qu'ils tombent sur des rouges alors qu'on peut pas être plus loin d'eux. Mais se retrouver à 6000 m au-dessus de potos qui se font hacher, ça laisse basiquement une alternative simple : on descend les aider et on se fait tous tuer si les gars d'en face la jouent intelligente en arrivant en masse à 5000 m (plus haut, ils peuvent pas, ils sont en Hurri quand même) ; ou alors on reste en haut en les laissant dans la mouise, ils se font tuer, et nous aussi au final parce qu'on n'est plus que deux contre tout un tas. Une troisième souvent pratiquée, mais encore pire, consiste à rester en haut en cherchant absolument à repérer les bandits avant de plonger (ce qui est assez dur sur certaines textures), puis, une fois que tous les copains en bas se sont fait hacher, on descend pour éviter d'être rongé par le remords à la fin de la mission, et on se fait descendre en moins de temps qu'il ne faut à un P-51 chargé de carbu pour décrocher.

Comme nous sommes, avec Hellcat, foncièrement gentils, courageux, chevaleresques, soucieux de la vie de nos camarades (et qu'on commence à s'emm*** prodondément là haut), on se fend d'un cross turn mené à la perfection, avant de se caler en légère descente, cap vers les deux potos. Heureusement, ils se débrouillent plutôt pas mal et s'en sortent avec une ou deux victoires et aucune perte, avant même qu'on ait le temps de perdre plus de 1000 m de notre précieuse altitude. En tout cas, la mission commence bien : les rouges n'ont pas l'air d'avoir perdu leur agréable habitude d'arriver par paquets de deux à basse altitude, plus pratiques à engager que des paquets de huit à haute altitude. Nous nous remettons à prendre de l'alti, lorsque Hellcat repère un bandit en dessous :
- "De Hellcat, bandit en dessous cap sud, j'engage !"
A ce moment, j'en repère un autre :
- "de Krasno, bandit, 10h loin, même alti !"
Je prends un cap 45 pour interception sur ce bandit qui semble se diriger vers le sud. C'est notre nouvelle priorité, car c'est le bandit le plus haut à notre connaissance. On ne peut pas se permettre de descendre avant de le descendre.
- "de Hellcat, je te suis"
- "Reçu ; cap actuel 90 pour interception"
Je descend légèrement pour rester en dessous de son horizon, et m'approche par ses 3h, en dérivant doucement vers ses 4, puis 5h.
- "Hurricane confirmé. Au shoot dans 5 sec"
- "Reçu"
Il semble avoir repéré un 109 et se dirige dessus pour l'engager ; je suis encore trop loin pour être sûr de faire mouche, mais j'ai bien plus de vitesse que lui et je me rapproche rapidement. Il ne m'a pas vu, et je suis maintenant dans son angle mort. Il s'est mis en très léger virage à droite, je dois être à 200 m environ, je place le viseur légèrement en déflexion...
- "Krasno, au shoot !"
Les premiers obus passent légèrement au-dessus de lui, je corrige instinctivement, le suivant touche l'empennage, un autre l'ail... BOOM ! Je passe à travers d'une boule de feu impressionnante, mon adversaire ayant littéralement explosé en plein vol.
- "Splash"
Bon, ça c'est fait, m'enfin il doit encore en rest... ah ben oui tiens, ils sont même juste en face de moi, un peu plus haut...
- "De Krasno, engagement à midi, niveau, au moins deux 109, il y a du Hurri dans le tas, je fais une tranchante à la 7.7 et j'étends !"
Je tire à 500 m sur un Hurricane qui breake en droite, puis je continue à tracer tout droit, en montée légère, pour ne prendre aucun risque. Pendant ce temps Hellcat engage derrière moi, à son tour. Je checke mes six heures, j'entame un long virage à droite, puis j'inverse en gauche ("ah zut c'est un 109 ça tourne pas en droite") et je reviens vers le combat, avec 500 m d'avantage d'altitude sur les autres. Je repère rapidement un Hurricane en train de s'acharner sur un pôv' gars de chez nous ; ils passent en dessous de moi sur un cap quasiment opposé.
- "Krasno, j'engage Hurri au shoot, alti 5000 m, en piqué, cap 270"
Je renverse l'avion sur le dos avant de tirer sur le manche, pour aboutir en vol en palier 400 m derrière le Hurri, avec un bon avantage de vitesse. Encore une fois, j'attends d'être sûr de mon coup pour engager uniquement au canon le bandit, que je touche de deux ou trois obus avant qu'il ne dégage en Split-S, un réservoir percé et des commandes en moins.
- "Snapshot, il est marqué et dégage en piqué, gaffe en dessous !"
Je remonte légèrement, reprends rapidement une SA correcte pour m'apercevoir que je suis le seul 109 encore à plus de 2000 m (je suis à 5500 m). Je décide alors de descendre lentement, par paliers de 500 m, pour vérifier que je ne laisse aucun bandit au-dessus. Le problème, c'est que je suis entouré de 109 IA qui se font un plaisir de B&Z tout ce qui passe en-dessous, et m'obligent à vérifier chaque contact. Du coup, je décide de rester en alti et de jouer la tour de contrôle pour les trois 109 restés en bas, qui gèrent toujours la situation mais sont engagés assez lourdement.

Je demande alors des nouvelles des Bf-110 qui doivent toujours poireauter dans le Nord de la France.
- "Les combats sont majoritairement sur la mer, venez par la terre discrètement, situation sous contrôle pour l'instant".
- "De Trollbug, on commence à prendre cap vers les cibles"
Nous avons, ou aurons probablement toute la chasse ennemie sur le dos, inutile d'aller à la rencontre des bombers, ils devraient être tranquilles. Je me reconcentre sur la situation en bas. Les contacts sont assez difficiles à repérer sur la mer, je tente de les placer entre la réverbération du soleil sur la mer et moi. On voit beaucoup mieux, mais il n'est pas facile de les garder au bon endroit.
Suivent quelques longues minutes de combats sporadiques, les trois Bf-109 en basse alti affrontant les Hurris qui arrivent au compte goutte, parvenant à les descendre assez rapidement pour ne pas être submergés par le nombre. Les IA font aussi du bon boulot, me permettant grâce à leurs longs tirs de repérer les bandits facilement et de les annoncer aux autres, et descendant leur part de tonneaux de bières. Finalement, je me mets à descendre et me retrouve à 2000 ou 3000 m derrière un probable bandit qui se dirige vers Cherbourg, beaucoup trop haut pour être intercepté à court terme par mes trois camarades. Il est suivi par trois 109 IA, en-dessous, qui commencent à le rattraper alors que je ne suis qu'à 1 km. Je suis à la même altitude que le combat, et je suis rapidement rejoint par les trois autres Bf-109 humains, qui ont terminé leur boulot en bas et montent pour intercepter le bandit. Je laisse les trois IA s'occuper du Hurricane, et commence à reprendre de l'altitude, lorsque :
- "De Hellcat, 'tention il y en a un second, croisement maitenant !"
- "De Krasno, vu, j'engage"
Hellcat est presque au même cap que moi, dans mes 10h basses. Il a continué à étendre et je me retrouve dans les 5 heures du Hurri, qui s'est retourné pour engager. J'amorce ma passe, mais il a dû me repérer, car il commence à se retourner... Je veux lui caser une rafale de trois-quarts avant, puis étendre, mais il vire un peu mieux que prévu, et lorsque je tire il est déjà de face, toutes armes crachant le feu. Aïe aïe aïe ENCORE une frontale ! J'arrête ma rafale prématurément, et fais tout pour éviter de lui rentrer dedans en poussant comme un sourd sur le manche... Il prend un ou deux obus pas loin du moteur, mais je mange aussi... ça passe pas ça passe pas merd' merd'... pfiouuuuuuuuuu c'est passé ! le mien de moteur est HS, la totale : huile sur la verrière, gémissements, tours-minutes à la ramasse, perte de carbu, de fluide de refroidissement, d'huile donc, bref, bon pour la casse.

C'est là que l'idiotie numéro 2 déboule au galop :

- "Krasno, zombie, j'extrais et je vais taper deux trois véhicules avant que ce foutu DB-601 me lâche définitivement"

Plus de moteur, de l'huile partout, je vois rien devant, je suis en pleine zone de combat (qu'on s'entende bien sur le concept d'extraction : ça consiste à se barrer, en général sous le niveau des taupinières, moteur poussé à plein régime, et de ne pas montrer le bout du nez avant une quinzaine de km - pour les plus téméraires. Avec un moteur out qui laisse une grande et belle traînée grisâtre, vous rendant aussi discret qu'un wing de B-17 au dessus de Berlin, aussi rapide qu'un Gladiator asthmatique, et des bandits à moins d'un km, la bonne phrase c'est "RTB et priez pour moi"), et la seule idée que j'ai c'est d'aller straffer un malheureux camion avec mes 7,7 inutiles et mes canons quasi vides, alors qu'on a des Bf-110 à dix minutes... Et me voici à 500 m sol, 250 km/h et 50 % de gaz, à la recherche du camion pommé qui me permettra de finir mes munitions. Evidemment, le moteur à qui je donnais un minimum de 5 minutes de fonctionnement à cette pression d'admission, est déjà en train de me lâcher, et je me retrouve rapidement à 200 m sol et 200 km/h. Réflexe : chercher la base la plus proche pour y vacher le zinc, en continuant à préserver le moteur au maximum pour l'approche finale. J'ai le choix entre deux bases, une neutre juste à 10 km de ma position, et une alliée à plus de 30 km. Le choix est vite fait (idiotie numéro 3), et je traîne la bête tant bien que mal jusqu'à la base neutre, qui est heureusement au niveau de la mer. Je passe à moins de 500 m d'un escadron de chars anglais qui ne se gênent pas pour me poivrer, les vaches, mais sans trop de mal. J'arrive enfin en bordure de piste, mais je ne suis plus qu'à 170km/h et 50 m. Je rends un peu la main pour ne pas décrocher, et amène l'avion dans un superbe poser campagne, sans rien casser à part l'hélice. Dès que l'avion s'immobilise j'éjecte le pilote pour éviter de me faire tuer au sol par les Valentine croisés juste avant, qui pourraient être à portée de tir ; il me faudra quelques secondes pour réaliser que je suis en plein cœur de la tête de pont british sur notre sol... Tête de pont qu'il fallait vraiment aller chercher, au vu de son immense superficie d'au mois 10 km² et de son emplacement à l'extrême nord du Cotentin...

Au final, la mission est une réussite quasi totale, puisque pour rester au niveau de la chasse, 12 Hurricanes vont au tapis contre 5 Bf-109 chez nous. Ceci n'est finalement pas très étonnant quant on voit ce que donne un combat "Cr42 tout seul, sans muns et avec un train en moins" VS "Deux Hurricane assoifés de sang"... (NB pour les non-présents : ça donne un Hurri au tas pour cause de décrochage au bout de 5 ou 6 minutes, puis un autre descendu au bout de 10 minutes par un 109 qui était à plus de 50 km au début de l'engagement) Les bombardiers sont restés parfaitement en sécurité durant toute leur attaque au sol, les seuls pertes étant dûes à des coups de boule (euh, pardon, des "marquages de cible impliquant physiquement le pilote"). Oui, il est vraiment temps que les british touchent leur fameux Spit là, parce que c'est un peu la dèche pour l'instant chez eux !

Cela dit, au niveau sol c'est déjà moins reluisant, on s'est fait couler trois ou quatre bateaux, et ces bougres nous ont aussi occupé notre base de Cherbourg Est. Sympa de leur part de nous livrer leur matos à domicile, mais ils étaient pas obligés de nous tirer dessus, ni d'occuper nos bases en récupérant les infirmières...

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