Aller en : page 1 page 2 page 3 page 4 page 5
Ce coup-ci, ça va être vraiment tendu : on a plus d'objectifs que de pilotes ayant gardé un peu de sang dilué parmi l'alcool qui coule dans leurs veines. Une pénétration TTBA à deux chasseurs et trois bombardiers qui se heurte à une dizaine de Spits assoiffés de schnaps et en fait tomber les trois quarts, c'est pas tous les jours que ça arrive, et ça se fête dignement. Bon, évidemment, dans le processus on a perdu quatre avions sur cinq, mais quatre, c'est jamais que la moitié de huit, qui pour le coup était le chiffre des pertes ennemies. Pis de toute façon, à partir du moment où on boit pour fêter les victoires et pour oublier les pertes, ya pas de problème. Mais pourquoi tant d'objectifs ? Ben du côté rapport de force, on est toujours dans la pub jusqu'au cou : les trois boîtes de conserve qu'on n'a pas pu détruire aux missions précédentes se baladent toujours du côté de Saint Omer et ont réussi non seulement à ravitailler, mais aussi à éviter les canons de Flak que l'EM tente désespérément de leur balancer dans les pattes. A Cherbourg, la situation est toujours la même, à savoir désastreuse. On n'a toujours pas les moyens d'aller leur éclater la tronche chez eux, ni les bateaux pour y aller d'ailleurs. Par contre, pour eux ça va, merci, et on va encore devoir transformer trois de leurs ferries en HLM pour poissons à coup de SC-250 posées avec art. A croire qu'ils les trouvent dans des kinder surprise, leurs rafiots... Jouer aux ricochets, c'est marrant, mais un temps.
Du coup, l'EM qui semble motivé comme jamais nous a refourgué tout un paquet d'objectifs tous plus hautement prioritaires les uns que les autres, à savoir couler leurs trois rafiots, transformer en générateurs de fumée leurs trois chars, détruire deux trois usines au passage, survivre, éclater quelques Spits, etc... Sachant que l'objectif "survivre" est difficile à réaliser en prenant moins d'une demi-douzaine de 109F4 au vu de la quantité de Spits à démembrer habituellement, que "détruire trois bateaux" nécessite, d'après les enseignements de la mission précédente, la bagatelle de neuf 109E/B humains, et que "détruire trois chars" demande au bas mot deux Ju-88 avec le plein de SC-50 et un pilote à jeun, nos besoins en avions et pilotes dépassent largement nos disponibilités. Sans même parler du plus petit largage de bombes à proximité d'une éventuelle usine, bien entendu. L'EM commença donc à se lancer dans de grands plans compliqués, histoire d'arrive à une fin de mission pas trop catastrophique. En gros, à faire rentrer à la maison un ou deux avions, quoi, c'est à dire le beurre, l'argent, la crémière, mais aussi la boutique et, tant qu'à faire, la baraque.
Comme on a un EM cartésien (incapable, mais cartésien), il tenta d'abord de définir les priorités. C'était pas si dur, finalement, et l'idée majeure a rapidement été exprimée par Hans :
-"Bon, les gars, si on coule pas ces foutues barcasses, on est cuits".
Couler trois bateaux, ça se fait bien avec trois 109E/B et leur SC-250, en skidding. Allez, on en met cinq pour assurer le coup. Tout le monde était content, mais Maurice, le gros lourd de la bande depuis qu'il s'est fait détruire son bar à Lille (cf premier épisode), a lâché son fameux mwais :
-"Mwais, et si les éponges qui nous servent de pilotent se ratent, hein ? On est mal. Et me dites pas qu'à cinq ils ont 100 % de chances de se faire les trois bateaux. L'en suffit d'un qui perd une aile dans la descente, un autre qui largue sa bombe trop haut, et d'un troisième qui déco juste avant, et paf..."
-"Ca va, Maurice, on va trouver une solut..."
-"Moi c'est pour aider hein"
-"Merci Maurice"
C'est vrai ça, comment faire si ils se plantent ? Rajouter un 109E ? A part réduire les chances de ratage, et encore... ça risque d'être aussi efficace que de l'antichar en Cr-42. Reste un Ju-88 ou un Fw-200. Comme tous les pil' de Fw-200 sont morts (merci Pat), on va rester dans le classique.
-"Bon, et si on mettait un Ju-88 en back-up au cas où ?"
-"Mwais, bien, comme ça ça fera une cible sympa aux mecs d'en face. Mais attends... On est l'EM des mecs d'en face ? Ah ben non en fait, nous on est censés trouver des cibles, pas leur en mettre sous le ne... "
-"Meuhhhhh non, on le fera venir que si ça tourne pas trop mal en air-air !"
-"Mwais, autant dire jamais, quoi..."
-"T'as bouffé quoi ce matin Maurice ? C'est sûr qu'avec que des 109E on va morfler sérieux, mais bon en calant quelques 109F4 tampons entre l'Angleterre et nos Jabos ça devrait le faire."
-"Quelques 109F4, quelques 109F4, ça fait combien "quelques" quand ils doivent contenir une dizaine de Spits pendant plusieurs minutes ? Choucroute. "
-"Choucroute ?"
-"Mon p'tit déj"
-"..."
-"En moyenne, une vingtaine de F4 serait pas de trop, c'est clair, mais avec avantage d'alti, 3 ou 4 ça devrait le faire pour un peu moins de 5 minutes à partir du contact"
-"Boarf, de toute façon ils vont encore se ramener par packs de deux ou trois, donc à la limite à deux ça le ferait. M'enfin, avec quatre on assure"
-"Heu t'es gentil Herbert mais quand tu vois un Spit tu te ramasses toujours les neuf autres à moins de 3 minutes, hein, donc la prochaine fois monte dans un 109 avant de débiter tes c***ies habituelles."
-"Ouais, Maurice est lourd, mais il a pas tort. Surtout que 5 minutes c'est ce qu'il faudra aux 109E pour repérer les bateaux. Alors le temps de choisir qui va y aller en premier, quel bateau il va taper... Le temps qu'ils aient fini SoW:BoB sera sorti, les mecs."
-"Mwais, voilà. Donc je réponds à ma question : "quelques" F4, vu la mission qu'ils ont, ça veut dire une dizaine au bas mot.
-"De toute façon, on n'a pas les moyens d'en mettre plus de quatre. C'est mieux présenté là ?"
-"Ben voyons... C'est fou ce que j'adore ces réus EM..."
-"Je te dis qu'il y a moyen de faire quelque chose. Les 109F4 à 4000 m ratissent la zone. On met les 109E à 20 km en arrière. Dès que les F4 trouvent du Spit, ils engagent en évitant de partir tout de suite en ciseaux comme d'hab"
-"Par l'opération du Saint-Esprit, oui..."
-"tsss tsss... donc, ils engagent en évitant de partir tout de suite en ciseaux comme d'hab, et font descendre doucement le combat jusqu'à un plancher de, disons 1000 m. Les 109E qui étaient à 20 km en arrière, et volent à 320 km/h arrivent au bout de... euh... bon, ils arrivent, quoi. Ils tapent le premier bateau, puis le second, et enfin "
-"Ouais, le troisième. Bon, tu peux accoucher oui ? Si ça continue y fera nuit et on aura plus que Werner pour voler"
-"... donc ils tapent le troisième, et au fur et à mesure, ils viennent prêter main-forte aux F4 qui commencent peut-être à déguster."
-"Ah ouais ? Au bout de plus de 10 minutes ? C'est ça le super plan ? Au bout de dix minutes mon gars ils pourront rentrer chez mémère (et encore, si ils trouvent la base), yaura déjà plus personne à aider"
-"Les F4 n'ont qu'à se barrer si ça tourne mal, si ils ont encore 1000 m sous les pieds comme prévu, ils ont largement de quoi extraire. "
-"C'est ça. Et en deux minutes, quinze secondes et trois centièmes, au lieu d'avoir un groupe de quatre F4 qui se bat à peu près convenablement contre 10 spits, on se retrouve avec quatre groupes de un F4 à l'agonie avec deux ou trois Spits morpionnés dans les six, qui se transforment rapidement en quatre groupes de une gerbe d'eau, assez éphémère d'ailleurs, d'après ce bon vieux Newton. C'est beau pour la photo, mais yaura personne pour ramener les négatifs."
-"T'as une autre proposition Maurice ?"
-"Ouais. On annule la mission, et on se fait une belote en attendant les Me-262. "
-"Merci de ta participation... Bon, on dit donc un dispo minimal de cinq jabos + trois 109F4, ainsi qu'un Ju en backup. Si plus de dispos, on rajoute indifféremment du jabo ou du F4, mais un Ju ça sera largement suffisant de toute façon."
-"Ca suppose qu'il se plante pas au décollage"
-"Bien sûr. Bon, le plan est le suiv..."
-"Oh nooon pas le plan... Qui m'a piqué mon oreiller ?"
-"Moi. Le plan, donc :
Décollage 18h00 pour tout le monde. Les F4 à Lille, les quatre E4 plus au sud. Un E7 de renfort part de Paris et arrive en cours de route. Le Ju poireaute. Les F4 attendent les E4 qui arrivent vers 18h15, 5000 m, sur Dunkerque. Les F4 sont alors à 6000 m. Ils partent cap Nord vers les bateaux, les E4 attendent un peu puis suivent, toujours à 5000 m. Comme on avait dit, les F4 engagent, et tiennent comme ils peuvent en faisant descendre le combat. Les jabos se ramènent ensuite, tapent les bateaux tranquillement, et viennent soutenir la chasse dès qu'ils ont largué. Le Junkers poireaute en bas de la carte et attend que ça se tasse. Bon. Si tous les bateaux sont coulés, on le lance sur les chars. "
-"Comment on fait si tous les 109 ratent leur coup, qu'il reste un bateau, que tous les F4 se font décimer et que les jabos sont engagés sévèrement ?"
-"Facile. On fait venir le Ju en très haute altitude, les Spits auront autre chose à faire que de s'en occuper, et il décime un max de bateaux. Escorté si possible. "
-"Et si pas possible ?"
-"Ben il vient quand même, il se débrouille avec la chasse adverse. Les p'tits trucs qui dépassent dans le dos c'est des mitrailleuses hein, pas des manches à balai. Pis si il se fait intercepter vous inquiétez pas qu'il reviendra, rien que pour pouvoir nous agonir d'injures. "
-"Et si il reste des bombinettes aux 109 après avoir pété tous les bateaux, on les envoie où ?"
-"Ben ça dépend de l'état des F4. Si ils sont vraiment dans la mouise, ils larguent sur la tête du premier banc de sardines venu et ils viennent aider. Sinon, leur objectif prioritaire est les chars. "
-"On lance le Ju sur les chars à quel moment ?"
-"On l'a déjà dit, rendors-toi Hans."
-"Qui a piqué le schnaps ?"
-"Et si les F4 se font tuer dès le début ?"
-"On fusille leurs pilotes."
-"Et ensuite ?"
-"Quoi, ensuite ? Les jabos se dépatouillent avec les Spits. Trouvez un pigeon qui fera lapin et barrez-vous sans prévenir, voilà tout. On vous apprend quoi à l'école de chasse ?"
-"Et si on trouve pas les bateaux ?"
-"Je vous colle dans les Cr-42 qu'il nous reste à la prochaine mission. Au moins les Cr-42 remportaient des victoires, eux. "
-"Et si on attendait SoW:BoB, qu'ils aient vraiment des avions en carton ?"
-"C'est quand qu'on a du 190A4 ?"
-"L'EM prépare les instruments de torture pour inciter le maître du jeu à nous les refiler. Bon, ça va à tout le monde ?"
-"OK"
-"Ca me va, d'toute façon je la joue pas cette mission"
-"Paraît correct"
-"Mwais, bof"
18h00 : Les 109F4 décollent de Lille et se dirigent sur Dunkerque pour attendre les E4 qui ont décollé d'un peu plus loin. Le coucher de soleil sera superbe, mais on n'en a rien à cirer.
18h02 : "C'est loooong"
Ca, c'est le Ju qui commence déjà à râler sur la fréquence. Si il en a déjà marre on est pas rendus...
Tous les chasseurs montent, jusqu'à 6000 m (le Ju aimerait bien, mais il lui manque deux mille chevaux).
18h15 : "visuel E4 !"
Les E4 arrivent au RDV, à l'heure en plus... C'est pas normal ça, on va mal finir. Ils font un ou deux ronds dans l'air pour laisser partir les F4 devant. Les Spits vont pas tarder à se montrer... Pour l'instant, clair. On contourne la côte anglaise par l'Est, histoire d'éviter de se frotter à la DCA lourde. Toujours pas de Spits.
-"Pour une fois qu'on est en place tu vas voir qu'on va pas en rencontrer la queue d'un..."
C'est vrai, ils pourraient quand même se manifester, on sert à quoi nous s'il nous posent un lapin ? On commence à repérer les premières cibles, deux navires qui cabotent le long des côtes anglaises, cap vers la France. La troisième ne tarde d'ailleurs pas à se montrer, un peu plus au nord. Les 109E entrent en action, un par un. Les annonces se succèdent :
-"Navire détruit"
-"Passe ratée"
-"Touché !"
Déjà deux en moins. Reste un, et deux bombes. Ca va le faire, ça va le faire...
-"Coulé !!"
Ca l'a fait ! Trois à zéro, balle au centre. Les Jabos remontent cap au sud, les F4 les couvrent, 6000 m au-dessus. Il reste un 109 avec bombe. Le Ju-88 est lâché sur les chars, qu'il cherche en vain pendant 15 minutes. Le Jabo restant va l'aider avec sa SC-250, et on l'accompagne jusqu'à Calais, en une formation relativement cohérente. Les premiers F4 commencent à atteindre la côte, lorsque Oizo engage un contact, puis étend rapidement vers nous en piqué léger devant son adversaire. Quelques 109E descendent l'aider, et débusquent un Spit... ah non même pas, un P-36 dis donc, faut-y qu'ils soient dans la dèche... Z'ont dû saoûler le pil' avant de le sceller dans son cockpit, c'est pas possible autrement ! Les 109 jouent avec lui et l'épuisent petit à petit, quasiment au-dessus de Calais. Le reste de la formation surveille le combat d'en haut, se gardant bien de descendre. Un second bandit entre dans la danse alors que le premier tombe, et est éliminé à son tour peu après. Le Junkers vient de se payer un char, joli coup d'ailleurs. Le dernier Jabo a raté sa passe, mais ça leur fait déjà un char de moins. Et pis ça fait plaisir au pil' du Ju qui devait commencer à trouver le temps long.
Ca y est, les chasseurs ont humé l'odeur du sang, et il leur en faut plus, toujours plus. Attendez, je critique pas hein, surtout que j'avais une p'tite faim aussi... Faut nous comprendre : on se casse pour faire un plan aux petits oignons, avec tout plein de trucs prévus, tout plein de solutions à ces trucs prévus, un plan béton A, un plan pas trop bancal B et un plan en carton C si les deux autres foirent, tous ces plans étant basés sur l'hypothèse pas trop ridicule d'un massacre général avec beaucoup de pertes amies et encore plus de pertes ennemies (si possible), et on se retrouve à combattre deux péquenots qui s'étaient pommés, même pas des Spits et même pas des humains... Si c'est pas de l'antijeu, ça ! Souvenez-vous : on boit pour oublier les pertes, ou pour fêter les victoires... Mais sans pertes ou victoires, comment faire ? Autant dire qu'on a la niaque. On se dirige vers Dieppe au cas où un ou deux rouges isolés (pléonasme, heureusement) se baladeraient là bas. Les 109F4 sont haut et devant, suivis à quelques km par les 109E, à 3000 m, parce qu'on a eu la flemme de les attendre. Pour l'instant c'est assez calme de toute façon, pas grand chose à se mettre devant le canon. Tiens, le Junkers vient de s'en faire un autre...
-"De Krasno, deux contacts, 2h haut"
-"No Joy"
Ils sont loin, et haut. Je suis le seul à les voir pour l'instant.
-"Cap d'interception 270, je monte sur eux"
Ils sont un peu plus hauts, ce qui m'empêche d'engager le combat ne serait-ce que brièvement. Je continue cependant sur eux pour guider les autres dessus. La formation garde son cap précédent.
-"De Krasno, ils sont proches dans mes 12, je croise et j'étends en léger piqué"
-"Croisement"
-"Visuel !"
-"'tention ils suivent"
-"Reçu, long virage gauche, je vous les ramène"
Mine de rien, j'ai abattu du chemin en allant vers les bandits, et je suis assez loin des autres. Je continue à garder une assiette légèrement négative pour conserver l'écart avec mes deux morpions, et je me dirige vers les 109E qui sont maintenant à mon alti, à peu près, assez proches, et en face à face. Les 109F m'en ont détaché un qui a breaké et commence à tourbilloner, mais je trimballe toujours son copain. Pas pour longtemps d'ailleurs, car les 109E entrent bientôt dans la danse et commencent à l'arroser... Il serre en droite. Je suis maintenant à moins de 2000 m. Je remonte en surveillant la zone, pour l'instant pas de lézard. Les deux Spits ont encore leurs griffes et se défendent pas trop mal, compte tenu qu'ils sont à deux contre huit ou neuf. Heureusement qu'ils ne touchent pas trop, parce que les 109 prennent trop de risques... D'ailleurs, certains manquent de finir suspendus à leurs pépins. Brusquement, les deux bandits rompent le combat, quasi simultanément, en piqué vers leurs lignes. Des 109 se lancent bien à leur suite après un petit temps de retard, mais ça va se compliquer : on passe d'un neuf vs deux en altitude, bien regroupés, à une poursuite désordonnée en TBA, pouvant être à tout moment engagés par des Spits venant en altitude à la rescousse de leurs deux copains. Se retrouver 1000 m sous un Spit, c'est jamais très très bon. Enfin, on sait pas trop remarquez, pas grand monde qui soit revenu pour en parler.
Cela dit, un Spit qui étend devant un 109, ça dure jamais très longtemps et ils sont rapidement rejoints. Certains 109 sont bien restés en altitude pour contrer une éventuelle intrusion de nouveaux bandits, mais les plus hauts étant à seulement deux ou trois mille mètres, la zone n'est pas bien sécurisée. Sans compter qu'en bas, les bougres osent se défendre et qu'il nous faut piquer en TBA pour aider les gars qui en ont fait tomber un mais en ont récupéré d'autres sur le râble... Tout part en quenouille, et on commence à avoir des pertes, sans compter que tous les Spits se radinent petit à petit, et qu'il y a tellement de 109 sur zone qu'ils ne manquent pas d'occasions de tir. Heureusement, ils sont jamais plus de trois à la fois, et ça reste gérable : nos avions sont quasiment aussi maniables, sont surtout bien armés, et on est quand même un bon paquet. D'ailleurs, ça ne manque pas : en quelques minutes, les nouveaux sont digérés à leur tour par la meute, non sans avoir planté quelques banderilles et embarqué un ou deux pils bleus avec eux. Mine de rien, entre ceux qui ont trop tiré sur le fuel, ceux qui sont touchés, et ceux qui ont été transformés en engrais pour cause de 20 mm, on ne reste plus que trois ou quatre opérationnels.
C'est le moment que choisissent deux contacts pour se pointer à 2000 m, c'est à dire 1500 m au-dessus de tout le monde, verticale Dieppe. On se fait discrets, mais ils n'ont rien vu, et du coup on monte doucement pour leur couper la route (faut croire qu'on était affamés), mais ils se débinent vers leurs lignes.
-"Check fioul ?"
-"150 L, ça fait pas lourd"
-"Je poursuis"
-"Suivi !"
-"Bon, ben on y va alors"
Et nous voilà partis sur nos dernières gouttes de carbu à la poursuite de deux zigotos se carapatant à vitesse de croisière, mais bien plus hauts que nous.
-"On passe leurs lignes"
Un Spit, ça se traîne, mais quand vous avez 5 km de retard et 500 m d'altitude de moins, faut se lever tôt pour arriver à distance de tir... Surtout quand on ose pas mettre tout à fond pour économiser le fuel. Arrivés en vue de leur base, on commence à engager, enfin Hellcat commence à engager. Apparemment, ils se défendent pas vraiment, z'ont l'air d'avoir une folle envie d'atterrir... Mais Hellcat repère bientôt trois contacts en approche par la mer, ça ressemble à du gros gibier...
-"Mosquitos !!"
Il a pas dit "niark, niark" mais il l'a pensé très fort. Il reste tout de même un Spit, que je garde en visu tandis que Hellcat commence à poivrer ces saletés de bimoteurs. Le Spit a pas l'air de vraiment savoir ce qu'il veut faire, mais il se dirige quand même vers le combat... Il va engager... Ah ben non. Avec tous ses virages, je parviens à distance de tir et j'arrive à placer trois ou quatre obus qui l'envoient à la baille.
Les Mosquitos sont quasiment tous tombés, sauf un qui traîne une gerbe de flammes pas croyable, et tente tout de même d'atterrir. Hellcat est winchester canon, je tente de le finir mais je dois m'y reprendre à trois fois et ce n'est qu'en courte finale qu'il termine enfin en feu d'artifice. Il était temps, reste moins de 100 L dans les cuves, va falloir penser à se rentrer, ya du chemin. On pourra même pas faire une petite reco au-dessus de la Normandie... Régime économique, prise d'altitude en cas de passage en mode planeur, ça va le faire. D'ailleurs, il reste même de quoi faire pas mal de tours de pistes lorsque mes roues touchent la piste bleue la plus proche.
Retourner en haut de la page