Campagne channel : pénétration lointaine


Pénétration lointaine

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Bataille d'angleterre, 15 Août 1940, 16h00

Ooooon a du F4, ooooon a du F4, on a, on a, ooooooon a du F4 ! Suite aux dérouillées successives subies ces derniers temps avec l'arrivée du Bf-109F2, notre Etat-Major, toujours soucieux de la vie de ses hommes, a décidé de nous les passer au standard F4. C'était pas bien dur à construire remarquez, suffisait de démonter le lanceur de figues molles placé dans l'axe de l'hélice de cette bouse de F2, pour mettre à la place un canon, un vrai, du genre qui permet de tirer à plus de 50 m et de faire des gros trous dans les ailes. Bon, évidemment, on perd un peu en performances pures, mais bon, vu le niveau de ces pauvres rouges, on pourrait combattre avec une SC-250 que ça ne changerait pas grand chose. Enfin si d'ailleurs, ça nous permettrait peut-être de moins nous faire laminer au sol.

Bon, donc on a des avions de combat, pour une fois ; reste à savoir ce qu'on va bien pouvoir faire. Les rouges ont des usines à ne savoir qu'en faire, enfin c'est ce que nous suggère la fréquence d'arrivée des renforts ennemis en france, malgré leurs pertes astronomiques, me direz vous... Pourquoi donc ne pas aller leur démontrer les capacités pyrotechniques de notre SC-500 ? Ben, parce qu'on l'a déjà dit : ils ont au bas mot une centaine de milliers de chinois planqués dans leurs caves, qui n'ont pas d'autre occupation que la construction d'usines. Aller sur Calais, ça ne sert plus à rien puisqu'ils n'ont plus que trois pauvres tanks qui doivent déjà avoir fait leur deuil de leurs dernières gouttes de bibine (et de carburant) depuis un bail, et ne savent plus que se planquer entre les collines autour de Calais ; sans compter qu'on n'a pas l'intention de gâcher notre jeunesse à coupdebouler des boîtes de conserve.

Si on veut faire quelque chose d'utile, va falloir innover... Le problème c'est qu'à force d'essayer de vider les stocks d'alcool à chaque retraite pour ne pas le laisser aux rouges, on n'a plus que huit pilotes clean, et que huit, c'est pas lourd. Surtout avec du Spit (même un âne pourrait le piloter correctement, donc les rouges n'ont que peu de problèmes) en face. Quand on prévoit en plus de prendre des bombardiers, alors que les rouges partent en chasse pure, ça fait un peu peur. Heureusement pour nos pauvres cervelles, on a quand même un objectif obligé : deux rafiots rouges qui se sentent obligés de nous ramener des touristes grand-bretons visiter leurs cousins normands et accessoirement buter des Jerries, comme ils disent (ya mieux comme mise en boîte, quand même). Comme on est une unité d'élite (comprendre qu'on est loin de disposer d'effectifs pléthoriques, tant au point de vue personnel que du parc de machines, machines parmi lesquelles je ne préfère pas préciser la proportion de chasseurs compétitifs), on envoie seulement trois pièges à la rencontre des deux barcasses remplies d'aimables touristes, trois Bf-109E équipés de la SC-250 réglementaire, pour une attaque en skidding. Leur plan de vol consiste à monter très haut, puis descendre très vite (et en un seul morceau si possible), très bas (penser à s'arrêter avant de voir le blanc de l'œil du plancton), et enfin larguer la bombinette avant de passer en trombe au dessus (NB : très important, le "au-dessus") de la cible du jour. Puis extraction cap Nord, vers l'Angleterre, pour venir soutenir ce qui restera des unités en vol au dessus de l'antre de la bête.

Oui, ça c'est encore une chimère de l'Etat-Major, le vieux truc de la dent et de l'œil : ah, ils nous exportent leurs touristes ? Eh bien nous allons faire du shopping dans les quartiers industriels de Londres, oui monsieur ! Et de rédiger derechef un ordre de mission pour 3 Ju-88 chargés de faire un brin de négoce dans la capitale de l'Empire (SC-500 pas chèèèèèèère, 50 livres la SC-500, livrée dans l'heure, 2 paires de SC-50 pour les dix premiers acheteurs... SC-500 pas chèèèèèère, achetez mes SC-500)... Comme les équipages de bomber n'avaient rien eu à se mettre sous la dent depuis un bail, même pas un petit tank ou la moindre DCA, ils se sont jetés sur les places comme des morfales ; et comme il leur fallait bien une escorte, c'est tombé sur les bonnes poires (ceux qui avaient le moins d'alcool dans le sang), à savoir Cassan et moi. On aurait pu refuser, remarquez : nous embarquer dans une traversée de la Manche, puis de l'Angleterre, en croisant les routes habituelles de la chasse adverse, avec trois bombardiers visibles comme le nez au milieu de la figure, puis attirer la DCA une fois sur place, à plus de 100 km de nos lignes, ya mieux, sans compter qu'on va essayer de péter des usines alors que tout le monde sait que ça sert à rien. Surtout que Barda et Furax avaient pris deux des trois Ju-88. Mais si, Barda et Furax ! Souvenez vous, les deux grands malades qui s'étaient portés volontaires pour une pénétration basse altitude (tiens donc...) pour aller larguer quelques crottes sur une base ennemie... Est-il nécessaire de vous rappeler comment ça s'était terminé ?

Cela dit, on peut difficilement se permettre de refuser, en partie parce qu'on tient un minimum à eux (ben oui, on va mettre qui dans les bombers si ils y passent ?), mais surtout parce qu'il n'y a rien d'autre à faire en ce moment, à part escorter des Bf-109 qui n'en ont aucun besoin et n'auront peut-être même pas d'opposition. Là, au moins, on est sûr de voir du Spit, et on pourra voir ce que cette sacrée machine de F4 a dans le ventre... Là où j'ai un peu tilté, c'est à la vue du rapport de force, à savoir dix Spits contre cinq 109 (humains) plus 2 Ju-88. Sachant que seul le F4 peut réellement combattre le Spit à niveau égal d'énergie, ça risque d'être un poil animé, et c'est pas ces deux bourriques d'IA qui vont aider. Le plan de vol est classique, décollage de Paris pour les bombardiers, de Lille pour la chasse ; RDV sur la côte en colonne Kilo ; traversée au 300 pour traverser les falaises d'en face en colonne Foxtrot, puis remontée plein nord vers Londres. Pour le retour, on verra d'abord si on est vivants... Les 109 anti-navires extraieront de leur attaque en direction de Londres pour nous soutenir au cas où nous nos zincs ne seraient pas déjà transformés en pots de fleurs.

La chasse décolle en décalé pour ne pas poireauter sur zone, on rate un peu le coche et on décolle en quatrième vitesse, sans avoir le temps de refiler les restes du pique-nique aux mécanos. On est un poil en retard au RDV et on le décale sur la Manche. On repère enfin les gros dans nos dix heures et on rejoint rapidement, puis on passe à 30 % de gaz pour pas les dépasser. Vers le milieu de la traversée, quelques contacts sont repérés, en cap opposé, et bien entendu deux de ces pots de colle nous repèrent et ne trouvent rien de mieux à faire que nous engager. Manque d'imagination désespérant, non ? J'en ai un loin dans les six, je breake gauche comme une brute et il passe sans même chercher à tirer, je sors donc tranquillement de mon 360° et me retrouve 500 m derrière. Celui là, c'est un affamé, il a vu un bomber et il n'en décollera plus jusqu'à sa mort. On peut peut-être arranger ça... "Krasno, en poursuite sur bandit, les bombers breakez gauche, ça arrive !" Gaz en butée, je suis plus rapide, et arrive rapidement à 400 m de lui. Viseur centré, un cran au-dessus pour compenser la chute des obus... "Krasno au shoot". Il est loin, et je vais pas avoir le droit à autant d'occasions comme ça, donc je ne finasse pas et garde le doigt sur la détente. Au second impact, il breake (ah ben quand même), mais à gauche (sympa de sa part en Spit)... Je suis à 300 m. Le 109 est lourd à cette vitesse, j'y vais donc comme une brute pour obtenir une dernière fenêtre de tir avant d'étendre : palo butée gauche, manche butée gauche, ailes verticales, palo centré et on cadence... C'est le moment. "Au shoot". C'est un peu trop haut, mais il mange en bout d'aile droite, le genre de trucs qui ne pardonne pas en limite de décrochage. "Splash".

Les bombardiers gueulent comme des cochons qu'on égorge, à raison d'ailleurs puisqu'il en reste un et qu'ils viennent d'ingurgiter leur apport journalier recommandé de 20 mm en quelques secondes. Heureusement, le second Spit ne me voit pas venir non plus et termine aussi rapidement au fond de la mer. On s'en sort pour le moment, mais on a déjà deux tas de ferraille au moteur touché, sans compter Cassan qui a décollé avec un moteur mal réglé et traîne depuis Lille une traînée grise... Etant donné qu'on est aussi visibles qu'un Me-323 noir mat sur fond de neige et que les rouges savent qu'on va leur rendre une petite visite et ont notre position, la meilleure idée serait de rentrer, mais ça serait pas drôle. On continue donc sur notre lancée, et on passe rapidement la côte. Changement de cap pour piquer sur Londres, on commence à coller au terrain pour tenter de se convaincre qu'on est peu visibles, et on scrute le ciel pour éviter de se faire avoir par surprise. Le problème, c'est que les mitrailleurs IA des bombardiers sont excités comme des puces et annoncent des contacts partout... Apparemment d'ailleurs ils n'ont pas complètement tort, puisqu'un Spit a réussi à se glisser derrière le traînard de la bande, à savoir Littlecat, et est en train de le poivrer avec ses quatre pièces d'artillerie. Cassan le poursuit mais n'arrive pas à rejoindre, j'arrive à me caser derrière pendant une manœuvre verticale, mais Littlecat est déjà en train d'empoisonner la faune locale avec son moteur qui fume plus noir que les poumons de Hans... "C'était pas lui qui avait embarqué la gnôle ?" Il est bon pour un séjour linguistique dans cet accueillante nation. Heureusement, le Spit est maintenant focalisé sur les deux bombardiers restants, et je peux l'éliminer de deux rafales successives. Trois en moins, mais il en reste 7, sans compter les IA. On a pas intérêt à ce qu'ils se radinent tous en même temps, sinon ça va charcuter...

Sur quoi, après quelques km, le Cassan, qui s'était placé sur l'arrière de la formation, se fait à son tour engager par deux teigneux. Un petit mot aux bombardiers : "Vous êtes seuls maintenant, on doit se défendre". Il part en gauche serré, je reviens vers lui et parviens à me placer en position de tir sur un des bandits, dont le moteur se met en phase avec celui de Littlecat avec une belle traînée de suie. Le second est un peu plus longuet, mais on finit par l'avoir. Sur quoi deux autres se ramènent par ma gauche, je tourne vers eux et engage. L'un des deux tombe immédiatement, mais l'autre réussit à se payer le pauvre Cassan qui n'a plus de commandes et vole dans un vrai pavé. La radio se réveille : "Ah merd' c'était lui qui avait le pâté !" Je commence à être vraiment sec en muns, je suis offensif sur le Spit mais il joue bien son jeu et j'ai beaucoup de mal à garder l'avantage. Il a quand même mangé un pélo dans le moteur, c'est déjà ça. Il breake brusquement en droite serré, et j'en profite pour extraire au sud en TBA. J'ai moins d'une ou deux secondes de feu, je suis le seul chasseur humain à 100 km à la ronde, et je suis loin en territoire ennemi. Ma vitesse devrait me permettre de m'en sortir sans peine, de l'entraîner loin des bombardiers et ainsi leur donner le temps de taper au sol, et de revenir vers les Bf-109E qui devraient être en train d'arriver. Je le sème sans trop de problèmes grâce au relief, mais les 109E sont à des dizaines de km. Je monte au beau milieu de la Manche pour pouvoir soutenir les bombardiers (qui sont sur le retour) en cas de sortie mouvementée. De fait, ils sont engagés une fois de plus un peu avant la côte par un Spit IA qui semble esseulé. Heureusement, il n'est pas très doué et je parviens à l'éloigner des bombardiers et à l'éliminer à la 7,7 (en vidant mes casiers quand même), sans utiliser le moindre obus de 20 mm. Manque de pot, il a à peine sauté que je me retrouve avec deux morpions un peu agressifs dans les six... Sans compter qu'il a réussi à se farcir Barda.

"Dites, les 109E, vous seriez pas dans le coin là ?"
"On n'est pas préciséments rendus, non, encore plus de 50 bornes"
Ne pas compter sur eux, ils seront là trop tard... Break gauche en descente, ça passe mais pas pour longtemps... Pas de quoi me faire les deux, j'ai au max une rafale d'une demi-seconde... Break à nouveau, ça repasse... Tenter de rejoindre la base de Calais... Cap 90°... Ras des vagues... Aïe les revoilà ! Il faut que j'en élimine un... 400 m... 300 m... Il shoote. Impact léger. Break gauche. Il suit. Gaz idle. Palo et manche butée droite, ailes à plat. Palo neutre, manche butée droite et à piquer. Gaz 100 %. On cadence, palo droite pour frôler les vagues. Manche gauche pour compenser. Il shoote, raté. On cadence. Check six : toujours là. Manche neutre, gaz idle. Manche et palo butée gauche, ailes à plat. Palo neutre, manche à piquer butée gauche. il monte ! Suivi. Il veut tirer. Il ne pourra pas.

Le Spitfire se cabre dans une dernière tentative pour s'aligner avec moi, mais c'en est trop et son aile gauche décroche brutalement, le mettant en vrille. C'est bien la meilleure nouvelle depuis le début... Il se met à tournoyer, de plus en plus vite. Le pilote tente désespérément de reprendre le contrôle de sa machine, mais il est déjà trop tard et, dans une immense gerbe d'eau, percute violemment la surface. Pendant ce temps, Furax a pu se mettre à l'abri sur la base et va tenter de poser son épave. Reste un spit, mais c'est un IA et il n'est pas assez agressif et semble m'avoir perdu de vue. J'en profite pour me carapater en douce, et arrive au dessus de la base où gît l'épave de Furax, qui est mort en tentant de vacher son avion fortement endommagé.

Au cas où ils aient débarqué sur place, j'évite Calais et je vais jusqu'à Nuncq Framecourt pour poser, sans plus de problèmes.

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